Le ministre Dufour s’entête à privilégier l’industrie forestière

Mettre fin coupe non respectueuses de la loi

Appuyés par l’ensemble des zones d’exploitation contrôlée (zec) du Québec, nous, les représentants des 11 zecs de la région de la Mauricie, tenons à nous exprimer aujourd’hui dans un esprit d’équité et de partage du territoire. Depuis plusieurs années, nous jouons le jeu du processus d’harmonisation forestière instauré par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et son représentant actuel, le ministre Pierre Dufour, mais force est d’admettre que les intérêts de l’industrie forestière sont privilégiés au détriment de ceux des Québécois.

ANNE-MARIE PRATTE ET BOBBY BESHRORESPECTIVEMENT DIRECTRICE GÉNÉRALE ET RESPONSABLE DES DOSSIERS FORESTIERS, ASSOCIATION RÉGIONALE DES GESTIONNAIRES DE ZECS DE LA MAURICIE

Ce processus nous laisse un goût amer. Nous nous sommes battus et avons obtenu des broutilles par rapport au volume de bois coupé et à sa valeur économique qui demeure constamment à la hausse. Les plans de coupe ne considèrent pas les atouts récréotouristiques et ancestraux nécessaires pour assurer un legs suffisant aux générations futures. Tout comme la nation Atikamekw, la Fédération des pourvoiries du Québec, l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec et bien d’autres, nous dénonçons le régime forestier actuel.

Plusieurs usagers et gestionnaires des zecs sentent que le territoire est en train de se faire dévaster par les entreprises forestières brandissant leur autorisation obtenue en toute légitimité par le gouvernement au pouvoir. Cela sans considérer que plusieurs signatures « d’ententes d’harmonisation » ont été obtenues à l’usure par l’essoufflement des bénévoles et du petit peuple. Effectivement, les dés nous semblent majoritairement joués d’avance, avant même que les consultations débutent…

Nous ne sommes pas opposés au développement économique par la foresterie et sommes conscients de plusieurs avantages. Cependant, ce développement ne peut plus être fait au détriment de la biodiversité, de la lutte contre les changements climatiques et de la prise en compte du développement des autres activités sur le territoire des zecs. Nous observons présentement une trop grande pression de coupe des forêts et une mauvaise répartition dans le temps et l’espace de cette coupe. L’argument d’une plus grande accessibilité aux territoires a, pour sa part, contribué à la multiplication des chemins de pénétration rendant la protection et la conservation de la faune de plus en plus difficiles.

La protection de l’habitat des animaux et des milieux aquatiques doit faire partie des priorités du MFFP, tout comme assurer une expérience de qualité aux utilisateurs de la forêt.

Alors que le MFFP pourrait se montrer comme un chef, un guide, un protecteur de nos ressources et de nos valeurs, nous constatons qu’il est avide de redevances de l’industrie et à la solde des grandes entreprises forestières. Nous nous désolons de constater que la forêt est prioritairement exploitée comme une immense zone industrielle. Le récréotourisme, l’occupation autochtone, les aires protégées et les espèces fauniques sont devenus des nuisances dans l’élaboration des plans de coupe et des stratégies forestières mises au point par le MFFP, alors que la loi sur l’aménagement durable nous spécifie que ce devrait être des valeurs à optimiser dans le cadre de la production de bois.

Le processus de consultation, par les tables de gestion intégrée des ressources et du territoire, stagne depuis plusieurs années. Le MFFP est juge et maître dans les décisions. Les projets retenus sont ceux qui n’influencent pas le volume et le coût de la récolte de bois. La table devrait jouer un rôle décisionnel par la concertation et toutes les discussions ayant un impact sur la possibilité forestière et les redevances au gouvernement devraient faire l’objet d’un comité indépendant.

Nous pensons que le mandat du forestier en chef et la possibilité forestière du Québec doivent être revus afin de mieux tenir compte des valeurs de la société actuelle et des autres économies que celle de la coupe forestière. D’autant plus que le développement d’activités récréotouristiques est primordial sur le territoire des zecs.

Ces demandes sont faites afin de ne pas compromettre la mission des zecs pour lesquelles elles ont été créées et dans le but d’assurer leur autofinancement. De simples mesures telles que la protection de 100 mètres entourant les sites d’intérêts et baux de villégiature et l’arrêt des activités forestières pendant la chasse à l’orignal démontraient la bonne volonté de notre gouvernement à reconnaître l’importance de notre forêt qui appartient à tous les Québécois. Cela contribuerait grandement à l’acceptabilité sociale de l’exploitation forestière sur les territoires des zecs.

* Cosignataires, président.e.s des zecs de la Mauricie : zec Tawachiche : Michel Pellerin ; zec Chapeau-de-Paille : Jessy Melançon ; zec Gros-Brochet : Michel Samson ; zec Wessonneau : Alain Beaumier ; zec Frémont : Julie Blais ; zec La Croche : Pierre Claveau ; zec Borgia : Paul Naud ; zec Ménokéosawin : Luc Marchand ; zec Kiskissink : Nicolas Brosseau ; zec Bessonne : Michel Morand ; zec Jeannotte : Yves Nolin